Restauration d’un stuc marbre – faux marbre dans un escalier.

RÉNOVATION DE STUC MARBRE – FAUX MARBRE – PARIS

 

Rénovation  du stuc marbre en cours

 

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VIDÉO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les clés : Stuc et staff : faciles à rénover, à un coût raisonnable. Vitraux : remplacer les éléments détériorés, assurer l’étanchéité. Dallages : la gageure est de retrouver des marbres fidèles à l’origine.

Stuc marbre ou pierre, pour des imitations parfaites

Historiquement, la technique du stuc remonte à l’Antiquité. Elle s’est diffusée en Europe à l’époque de la Renaissance où le stuc se substitue souvent au marbre. On le trouve sous forme de panneaux décoratifs muraux ou de motifs en relief, parfois aussi volumineux que des colonnes ou des corniches. L’enduit stuc est constitué de plâtre, parfois de chaux, de « graine » (poudre) de pierre ou de marbre, de colles animales ou végétales, et de pigments qui vont le teinter dans la masse.

Le stuc marbre imite l’original à la perfection. « À tel point que certains occupants des immeubles qui en sont dotés imaginent qu’il s’agit d’une pierre véritable alors que neuf fois sur dix, c’est un stuc », s’amuse Bruno Rondet, PDG de la société SOE, spécialiste du stuc et du staff.

La restauration à l’identique implique un travail d’observation qui permettra de doser avec précision les liants et les pigments, afin de respecter la richesse et la finesse des nuances d’origine. « On effectue des prélèvements sur la surface existante afin d’élaborer les teintes en atelier. La palette est infinie, mais toutes les colorations peuvent être reproduites », affirme Bruno Rondet. L’essentiel se fait sur site (voir encadré p. 45).

Le stuc pierre, plus répandu et moins délicat à réaliser que le stuc marbre fait appel à la même recette de base : plâtre mélangé à de la graine de pierre ou à du sable fin imitant la surface de la pierre de taille et coloré grâce à des pigments. Le stuc pierre est appliqué sur un sous-enduit qui lui sert de support, puis « réglé » (nivelé). En cours de prise, il est « dressé » par coupage ou grattage puis taillé au « chemin de fer » (grattoir constitué de lames d’acier) après la prise. Les joints sont ensuite creusés puis comblés avec un stuc d’une nuance plus claire. On termine par un grésage (ponçage). La présence des joints dans le stuc pierre permet ­d’effectuer des réparations partielles très réussies, car cette ­géométrie ­délimite clairement les surfaces à retravailler, la difficulté étant de trouver « la » nuance qui se fondra en toute discrétion dans le fini existant.

Face à un décor imitant le ­marbre ou la pierre, des sondages sont ­parfois nécessaires. Il ne faut en effet pas confondre le stuc véritable avec les peintures imitation marbre ou pierre que l’on trouve dans certains ­immeubles construits à la même période. Un stuc d’origine peut par ailleurs être masqué par de malencontreuses couches de peinture. Un ­diagnostic préalable s’impose donc, qui permettra de choisir les techniques et le mode de traitement adaptés.

Si la paroi est revêtue d’une simple peinture imitation marbre ou pierre, il faudra s’adresser à un peintre en décors pour la restaurer (voir p. 45).

Pour ce qui est du stuc marbre, sa densité ­permet un décapage intégral, contrairement au stuc pierre. Si les dommages sont peu importants, on peut faire appel à une vieille recette qui donne de bons résultats : une décoction de prèle qui le nettoie sans l’agresser. Il suffit de l’appliquer vigoureusement, puis de rincer. Selon l’étendue de l’intervention, nettoyage ou reprise, le coût de la restauration varie de 50 à 100 €/m2, et jusqu’à… 1 000 €/m2 dans les cas extrêmes.

Quant au stuc pierre, s’il est encrassé ou sali, mais non endommagé, on peut lui faire subir un gommage pour lui rendre son aspect originel. On applique sur toute sa surface une couche de gélatine à base de latex. Après ­24 heures de séchage, on décolle la pellicule qui s’est formée, entraînant avec elle les salissures. Suit un ponçage au papier de verre très fin pour éliminer les particules (20 à 30 €/m2). Plus coûteux (25 à ­60 €/m2), le ­grésage total donne aussi de bons résultats, et si les salissures sont légères, on peut même se ­contenter d’un lavage à l’eau additionnée de produits faiblement décapants, tels que sel d’oseille ou savon de Marseille (25 à 40 €/m2). Dans tous les cas, il est recommandé de pratiquer des tests sur le site avant de se lancer dans le traitement intégral d’une paroi.

Enfin, en cas de dommages importants, si le support du stuc, marbre ou pierre, est lui-même atteint, il faudra le traiter en priorité : reprendre les éléments tels que pans de bois endommagés et maçonneries désorganisées, passiver les fers pour les protéger contre la rouille… Et, si nécessaire, effectuer un rattrapage général après une première passe à base de plâtre et chaux afin d’obtenir un support sain, propre, plan et homogène, sans ­marques ni efflorescences. Si seul le stuc est détérioré, qu’il s’agisse de fissurations liées aux mouvements du bâti ou à des dommages dûs à des chocs, il faudra purger les parties friables ou « sonnant creux », voire les anciennes reprises mal exécutées, puis effectuer des passes successives comme pour un stuc neuf.

Staff, pour tout reproduire en trois dimensions

C’est après la Révolution française, pour restaurer les appartements ­dévastés de leur clientèle ­désargentée, que les décorateurs se sont tournés vers une technique moins coûteuse que le stuc : le staff (de l’allemand staffieren – orner – ou du français ancien « estofer »), invention d’un certain Mézier qui, vers 1850, eut l’idée de réaliser une corniche ­« préfabriquée » armée d’une toile de jute. Le staff prendra rapidement son essor, ­jusqu’à atteindre son apogée à la Belle Epoque. Lorsqu’il orne des ­plafonds, le staff est souvent peint d’une teinte unie mais, s’agissant d’éléments ­de décor verticaux, une fois revêtu d’une peinture décorative, il peut aisément être confondu avec un stuc, voire passer pour un marbre véritable. Mais, contrairement au stucateur, le staffeur ne manie pas les couleurs. C’est un peintre en décor qui devra prendre le relais pour ­réaliser la finition en trompe l’œil.

Colonnes, balustres, moulures, ­corniches, rosaces, mais aussi plinthes, habillages de limons d’escaliers, ­consoles, niches…, ces ornements sont élaborés, non sur site comme le stuc, mais en atelier à l’aide de moules, eux-mêmes en plâtre ou en élastomère, à l’intérieur desquels on applique de la filasse de sisal ou de jute, voire de la fibre de verre, afin d’armer l’ornement. Une fois sec, il est posé par collage ou par scellement. Avantage majeur du staff : il peut ­épouser toutes les formes. En restauration, il suffit de prendre une empreinte ou de s’inspirer de ­l’existant pour fabriquer un moule qui servira à reproduire à l’identique une rosace (compter de 50 à 300 euros selon le diamètre), un luminaire manquant à un étage ou un segment de corniche détérioré par un dégât des eaux. Pour ce dernier ouvrage, il existe deux possibilités : faire des relevés de forme avec des moulages élastomères ou ­utiliser des « peignes » à reproduire et la ­technique de « traînage » : on traîne le gabarit-peigne sur la ­longueur nécessaire pour reconstituer ­la ­continuité de la corniche ­(50 à 180 euros par mètre linéaire).

Peinture pour réaliser de savants trompe-l’œil

Alternative à la restauration du stuc : l’on peut faire appel à un peintre en décor qui reproduira la finition marbre ou pierre sur les parties endommagées. Après avoir réalisé un enduit plâtre classique pour retrouver un support net et sain, on applique deux couches de peinture à base d’huile de lin, de térébenthine et de blanc de zinc, additionnée de pigments. Pour la finition marbre, la teinte de fond est choisie en fonction de la couleur dominante du stuc ­existant. Le veinage est ensuite reproduit, et l’on termine par l’application d’une cire blanche de finition. Si le marbre de Carrare à fond blanc et veinage est relativement facile à reproduire, un marbre rouge « griotte » demandera un travail plus élaboré et donc plus onéreux : 40 à 50 €/m2 pour le premier contre 100 à 200 €/m2 pour le second, en sus du travail du peintre en bâtiment qui aura préparé le fond, moyennant 30 à 40 €/m2.

Le principe est le même pour la finition dite « coupe de pierre » : après avoir appliqué la teinte de fond à l’huile on imite le grain de la pierre par des artifices décoratifs. Ensuite, les joints sont tracés à l’aide d’un pinceau biseauté et d’une règle à la peinture blanche ou à peine teintée (150 à 200 €/m2). S’agissant de restaurer une peinture décorative d’une qualité moyenne, la question de sa conservation peut se poser. « Pour ceux que la dépense ferait hésiter, il faut savoir que les peintures décor sont plus durables que les peintures classiques unies – une vingtaine d’années – et que les réparations sont plus faciles, les raccords étant moins visibles », fait valoir Claude Ménégol dont ­l’entreprise éponyme réalise des décors depuis 1933.

Marbre, pierre, mais aussi bois : sur les portes palières et les plinthes, on a souvent recours à une peinture décor bois pour uniformiser l’aspect des menuiseries, le bois lui-même étant de second choix, présentant des disparités ou ayant été réparé à l’aide de pièces rapportées. Après décapage à l’alcali des anciennes peintures, la technique du glacis estompé permet d’imiter de multiples essences : interprétation libre ou imitation réaliste, le peintre ­s’attache à reproduire la veine d’un bois noble. Il faut compter 500 euros pour une porte à deux vantaux.

Vitraux, pour conserver une ambiance chaleureuse

Assemblage de pièces de verre coloré, émaillé ou peint, le vitrail fait appel à plusieurs techniques décoratives. Si le motif est géométrique et répétitif, on parle plutôt d’une « vitrerie », mais vitrail et vitrerie procèdent d’une même association de verre et de plomb. « Dans les immeubles haussmanniens, les vitraux ont une double fonction : masquer un vis-à-vis souvent ingrat et créer une ambiance chaleureuse », rappellent Christiane et Philippe Andrieux, à la tête de la Maison du vitrail à Paris. Mais le vitrail doit aussi garantir l’étanchéité des ouvertures. Or, il est soumis à des agressions constantes – climat, pollution – et parfois victime de restaurations mal conduites : « Il nous arrive même de trouver des panneaux ­reposés à l’envers », poursuit Christiane Andrieux. Quoi qu’il en soit, un vitrail ne peut guère traverser plus d’un siècle sans nécessiter une révision. Toute restauration implique la dépose des vantaux concernés et leur traitement en atelier. Tous les panneaux déposés doivent être identifiables et donc porter l’indication de la localisation de la baie elle-même et de celle du panneau concerné afin d’assurer une repose sans problème.

Dans l’intervalle, l’ouverture sera protégée par un panneau de contre-­plaqué ou une feuille de ­polyane. Une fois dans l’atelier du maître verrier, le vitrail fait l’objet d’une inspection minutieuse pour déterminer quelles sont les pièces de verre à remplacer et si le sertissage doit ou non être repris, voire refait.

Dans certains cas, un nettoyage suivi d’un remasticage suffira. Si l’état du vitrail exige le ­remplacement de certaines pièces, il est reproduit sur un calque où apparaît le tracé des plombs, celui des motifs peints s’il y a lieu, et où sera mentionnée la coloration de chacune des pièces de verre. Les pièces manquantes et/ou endommagées, appelées à être remplacées, doivent faire l’objet d’une recherche dans le stock du verrier. Car telle est la gageure du restaurateur : retrouver des feuilles de verre aussi proches que possible de l’original s’agissant tant des coloris que des finitions – verre antique, sablé, imprimé…–, quand bien des fabrications ont été arrêtées.

Lorsque les pièces nécessaires ont été découpées et, selon les cas, cuites, sablées, peintes, (les motifs peints sont souvent altérés, les verriers du XIXe avaient tendance à pratiquer une cuisson insuffisante), le sertissage peut être revu ou refait totalement. Mais une fois les plombs soudés à l’étain, le panneau n’est pas étanche pour autant : il faut encore combler les interstices entre verres et plombs avec un mastic liquide à base d’huile de lin, de blanc de Meudon, de siccatif et de noir de fumée. Pour rendre les panneaux plus résistants, il est recommandé de les consolider par la pose de vergettes, des tiges ­métalliques fixées sur leur face ­extérieure. Mieux, on peut les protéger en doublant le vitrail d’une vitre ­standard qui remplira aussi une fonction ­d’isolation thermique.

Se pose parfois la question du ­remplacement de la menuiserie qui va accueillir le vitrail restauré. ­« Les ­châssis fabriqués au XIXe siècle étant d’excellente qualité, ils sont souvent aptes à reprendre du service, mais on peut leur préférer une menuiserie neuve et, au risque de choquer certains puristes, opter pour un châssis PVC qui supportera toutes les intempéries sans avoir jamais à être repeint », remarque Christiane Andrieux.

S’il est impossible d’indiquer des prix pour le remplacement des pièces de verre, tant le travail est variable d’un chantier à l’autre, on peut ­chiffrer le coût d’une remise en plomb de 400 à 1 500 €/m2. Enfin, il est possible de remplacer une vitre qui aurait été substituée à un vitrail disparu, afin de rendre au décor ­­son cachet d’autrefois. Il faut prévoir de 600 à 2 000 €/m2 pour un vitrail à filets décoratifs.

Dallages et mosaïques pour préserver le sol en beauté

Classique dallage à damiers noir et blanc ou à cabochons, marqueteries de marbres polychromes, mosaïque à motifs géométriques ou figuratifs… Rude situation pour ce type de sol que de se trouver dans le hall d’un immeuble, lieu de passage intense. Le descellement et parfois la disparition de certains fragments de dallage ou de mosaïque, non seulement nuisent à l’esthétique de l’ensemble, mais ­fragilisent les éléments restants. L’origine de ces désordres peut être multiple : fissuration due à une déformation ou un fléchissement localisé du plancher porteur, vieillissement des mortiers de chaux ou de plâtre entraînant un défaut d’adhérence des dalles ou tesselles. Et parfois, ­restauration malheureuse ou, pire, ponçage à l’eau, néfaste en raison du caractère ­hydrophile des mortiers anciens.

Première étape : effectuer un nettoyage à l’aide d’un détergent neutre ­– apte à décoller les salissures sans agresser le matériau – passé à la brosse en prenant soin d’utiliser très peu d’eau. Ensuite un bilan de l’état de santé du sol pourra être effectué. Deux cas de figure peuvent se présenter :

– Le dallage est en bon état de scellement. Les dalles ne vibrent pas et leurs arêtes sont intactes. On observe, en revanche, des dégâts de surface. Dans ce cas, mieux vaut ne pas tenter la dépose et privilégier la conservation en l’état en exécutant des consolidations partielles (masticages à l’aide de ciments, infiltrations dans les fissures de résines polymérisables additionnées d’un colorant harmonisé au décor). Si quelques dalles de marbre sont brisées dans des endroits stratégiques, on peut envisager, après réparation, un échange avec des dalles localisées hors de vue immédiate. Pour les éléments qui auraient totalement disparu ou dont il ne resterait que des fragments, la recherche des matériaux de remplacement peut s’apparenter à la quête du Graal, sachant que certaines carrières ne sont plus exploitées depuis des décennies. « Heureusement, quelques marbriers disposent encore de stocks anciens », se félicite Gérard Fili, président d’Arcanes & technique du plâtre (Atecma), une entreprise de marbrerie francilienne.

– Le descellement est avancé et le ­dallage très détérioré (plus de 25 % des dalles cassées). La question de la réfection totale peut se poser, mais même dans ces (rares) cas, si le ­dallage est d’une qualité exceptionnelle et présente un très beau « calepinage » (composition), on donnera la préférence à la restauration. Après avoir effectué un relevé, l’emplacement de chaque dalle sera numéroté et chacun de ses éléments récupéré et transporté en atelier dans des pochettes elles-mêmes numérotées pour être réparées une à une avant repose. « Une restauration coûteuse qui peut atteindre trois fois le prix de la pose à neuf d’un dallage similaire », prévient Gérard Fili. « Paradoxalement, il est plus fréquent que j’aie à dissuader un syndic ou à tempérer les ardeurs de copropriétaires qui souhaiteraient tout refaire à neuf. Je leur conseille quelques modestes reprises, un simple “décrassage”, des masticages, un encausticage à la cire blanche suivi d’un lustrage », conclut-il.

Quant à la mosaïque, constituée de « tesselles », essentiellement des fragments de marbre ou de grès cérame, parfois de pâte de verre, assemblés à l’aide de mortier, elles ont tendance à se désolidariser dès qu’un élément est manquant. Pour y remédier, on établit un document visuel où ­sont signalées les lacunes et mentionnées les zones de décollement. Celles-ci sont entoilées, les tesselles remplacées, le tout est reposé, fidèle à l’original. Sachant qu’un mètre carré de mosaïque peut nécessiter la mise en œuvre de 10 000 pièces, la réalisation demandera jusqu’à trois semaines de travail pour les commandes les plus exigeantes. Sur des chantiers moins prestigieux, Gérard Fili avance un chiffrage qui reste conséquent : trois à quatre jours de travail à raison de 60 à 80 euros de l’heure pour un artisan spécialisé.

Dans certains bâtiments, les mosaïques de sol ont été composées à partir de tesselles semi-industrialisées vendues en vrac par les manufactures de l’époque. Il existe encore des stocks de tesselles anciennes, qu’elles soient calibrées ou irrégulières et le travail du mosaïste se trouve alors sensiblement allégé. « Pour autant, le budget nécessaire n’est pas toujours disponible », observe Gérard Fili, qui suggère des solutions, comme une conservation partielle. Ainsi, face à une belle frise encadrant un passage irrécupérable, on peut envisager de scier la mosaïque afin de conserver la frise et de daller la partie centrale en harmonisant les matériaux et les coloris. Au pire, si le budget est inexistant, on effectuera une consolidation temporaire du passage qui sera recouvert d’un tapis, voire d’un tapis-brosse, en attendant de pouvoir faire face aux frais d’une restauration dans les règles de l’art. Un principe de préservation qui peut s’appliquer à toutes les restaurations lorsque les finances des (co)propriétaires ne sont pas au beau fixe.

JUERY F

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